30 juillet 2007

Histoires diverses

Depuis quelques temps, je vous promets des histoires, celles qui vont avec mes photos. En fait, en voici 2 qui manquaient pour pouvoir comprendre un peu mieux mes photos!

La première est celle de mon futur mari… Celui qui est dans photo avec moi entrain de dépecer le poulet. Quel homme! (J’espère que vous voyez le sarcasme ici!) Alors, cette homme est le frère de Martha avec laquelle nous travaillons à Somoto. Comme que vous l’ai dit, elle a eu la gentillesse de nous amener à sa terre à quelques km d’ici durant notre dernier jour férié. Sur la terre vit, sa mère, son père, 2 de ses frères et leurs femmes et enfants et 1 frère célibataire (celui de la photo). Comme je vous l’ai aussi dit, la ferme est VRAIMENT isolée du reste du monde ce qu’il fait que ce n’est pas souvent que visitent des jeunes femmes (étrangères en plus). Donc ce frère célibataire en question s’est probablement dit qu’il n’avait rien a perdre d’essayer de profiter de cette occasion pour se trouver une femme. Par contre, il n’a pas vraiment frappé à la bonne porte et surtout pas de la bonne manière. Je vous explique… Je n’ai toujours pas compris s’il nous prenait pour des cruches ou qu’il n’avait tout simplement pas réalisé que je parlais espagnol ou s’il n’avait tout simplement pas de vocabulaire (j’opterais pour la 3e option!) mais il me parlait en mot simple ou onomatopée. Donc vous vous imaginez quel genre de conversation nous avons eu!!! Mais bon, il a tout d’abord dit : « Bonita… » en me pointant… ok, je peux comprendre les subtilités ici… Donc poliment j’ai répondu merci! Il a continué en pointant mon piercing et a dit : « Bonito… » ok, je comprends toujours bien… alors encore poliment j’ai répondu merci! Et là la conversation a pris un autre tournant… « Tu, sola, Canadà? » Oui, je suis célibataire. « Tu, ninos, Canada? » Non, je n’ai pas d’enfants. Et SVP n’oubliez pas que pour accompagner cette conversation tellement élaborée tout était accompagné de gestes, me pointant, montrant le doigt de mariage, pointant « vers » le Canada, montrant des petits enfants… Merci! Je comprends beaucoup mieux avec les gestes!

Mais là ça continue. « Aqui, tu quiere hombre? » Non, je ne suis pas venue ici pour rencontrer quelqu’un. « Porque? » Parce que 6 mois ce n’est pas très long. « Te gusta aqui? » Oui, j’aime bien le Nicaragua. « Tu vivir aqui? » Non, je ne pense pas vivre ici. « Porque? » Parce que j’ai ma vie au Canada. « Vivir aqui? Finca? No? » Oui, j’aime beaucoup votre terre mais j’ai ma vie au Canada. « Pero sola tu Canada? » Oui mais ce n’est pas parce que je n’ai pas de copain que je n’ai pas de vie. « No casada? » Non, je ne suis pas mariée… Et la conversation s’est à peu près arrêtée là… Par contre, j’ai eu souvent le droit à des commentaires au courant de la journée. « Tu, bonita » « Merci » « Gusta aqui? » « Oui, c’est très beau ici » « Tu bonita » « merci » etc, etc, etc… Donc j’ai toujours une porte de sortie si à 35 ans je n’ai toujours pas trouvé personne! ;)

Alors voilà l’histoire #1… L’histoire #2 est juste un petit fait historique pour vous mettre dans le bain de comment nous sommes confronté à l’histoire de la révolution ici. Nous avons demandé à Martha si ses frères avaient eu la même chance qu’elle de pouvoir aller à l’école car nous trouvions bizarre que la seule fille de la famille soit éduquée et pas les gars, généralement c’est le contraire. Elle nous a répondu que oui mais 2 de ses frères ne voulaient tout simplement pas y aller (dont mon futur mari!), 1 de ses frères fait des crises d’épilepsie et le docteur a recommandé fortement pour sa santé qu’il n’aille pas à l’école (ah, la médecine ancienne!), et l’autre s’est rendu jusqu’en secondaire 3 âge à lequel il a été repêché (obligatoirement) par les sandinistes pour faire parti de l’armée. Il a donc servi 3 ans dans la révolution, ou plutôt la guerre. Son travail? Il ne se battait pas au front, non… De 15 à 18 ans il était en charge de ramasser les cadavres de ses camarades restés dans les champs et de les amener aux fausses. 3 ans à ne côtoyer que la mort… Donc quand son service obligatoire fut terminé, il ne voulut pas retourner à l’école, il retourna sur la ferme de ses parents à cultiver ses champs et son bétail. Ouf! C’est quand même loin de notre petit réalité.

Ma troisième histoire n’en est pas vraiment une… En fait, je voulais surtout vous expliquer pourquoi j’ai marqué sous la photo du petit garçon, « le sourire des enfants d’ici » C’est qu’ici, j’ai l’impression que les gens, adultes comme enfants sourient ou même rient très rarement. Les enfants n’ont pas l’énergie ou l’envie de jouer et de courir partout, les gens te regardent avec un regard triste et fermé. J’accorde ça à l’esprit dans lequel ils vivent ici, un esprit de lutte quotidienne, de faim et de pauvreté. La vie ici est difficile, il n’y aucune activité de regroupement, un centre culturel/communautaire gratuit et accessible (en fait, il n’y a juste pas de centre communautaire). Les enfants n’ont pas le temps de s’amuser. Le matin ils vont chercher de l’eau au puit, préparent le déjeuner ou traient les vaches en espérant terminer à temps pour partir à pied pour l’école (à 1h de marche), avant de revenir à la maison, faire quelques devoirs, faire le souper, nettoyer la maison, coucher les plus petits, etc, etc… Comme mon père me l’a si bien écrit, « La ferme c’est beau quand tu y vas 1 journée, mais quand ta survie en dépend ça devient autre chose. » Beaucoup de gens ici sont dépendants de leur environnement, du climat et du travail quotidien de chaque membre de la famille, peu importe leur âge ou leurs capacités. C’est justement ce que le Machete Verde tente de régler. Moins de dépendance au climat, une préservation de l’environnement, l’équité de genre et bla et bla. Au moins on travaille des choses concrètes qui jusqu’à maintenant, de ce qu’on a pu observer, s’améliorent tranquillement pas vite. Au rythme des Nicas quoi! Donc voilà pourquoi je voulais mettre une photo d’un tellement beau petit garçon… juste pour vous donner une mince idée de la difficulté quotidienne des gens ici où même les enfants n’arrivent plus à sourire…
Sur ce, profitez de votre journée au max! Je vous embrasse fort.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je te trouvais bien aventureuse et je le pense encore, mais en même temps, j'admire ta conscience sociale.
Merci de nous faire réaliser combien nous sommes privilégiés et que les gens d'ici très souvent se plaignent le ventre plein.